Palinurus elephas langosta langoust جراد البحر (احمر) لانكوستا ازيفان باخوش

Temps de pêche

Avec sa taille pouvant atteindre 30 à 50 cm et ses antennes plus longues encore, il devrait être aisé de reconnaître la langouste commune. Elle possède un corps très allongé et une carapace bombée latéralement et recouverte de tubercules pointus. Elle est de couleur rouge à brun-violet, plus ou moins sombre, avec des marbrures plus claires, y compris sur les antennes, et elle possède des lignes blanches sur les péréiopodes* (pattes marcheuses). Celles-ci sont dépourvues de pinces (voir toutefois une exception chez la femelle). A l’avant de sa carapace on peut distinguer deux fortes épines triangulaires, dirigées vers l’avant et évoquant des cornes, elles dominent les yeux sur leur bord interne. Entre ces cornes il y a un espace pourvu de petits denticules et, en position médiane, un petit rostre*. Les yeux sont pédonculés.
Le premier péréiopode est granuleux et il possède un article, le propode* (celui qui porte la partie mobile de la pince) surmonté d’une épine en position antérodorsale. La cinquième paire de pattes locomotrices est bien plus courte que les autres.
Chez la femelle, cette paire de pattes se termine par une petite pince qui permet d’apporter des soins aux œufs au cours de l’incubation. La femelle possède également des appendices abdominaux biramés* (divisés).
Chaque segment abdominal porte une tache jaunâtre de part et d’autre de l’axe de symétrie.
La queue se termine en un bel éventail formé de cinq palettes très minces.

ALIMENTATION

La langouste se nourrit surtout d’échinodermes de tous types et de mollusques dont elle parvient à briser les coquilles grâce à ses fortes pièces buccales. Opportuniste, elle peut se nourrir également d’algues, d’éponges, de bryozoaires, d’annélides et au besoin d’autres crustacés et de poissons. Elle ne dédaigne pas les cadavres, c’est d’ailleurs ce qui l’amène dans les casiers.

REPRODUCTION – MULTIPLICATION

La maturité sexuelle est variable selon les sexes et selon les zones géographiques. En général elle est plus précoce pour le mâle (4 ans en Méditerranée).
L’accouplement se passe durant l’été, les deux individus mettent en contact leur sternum* (face ventrale de leur carapace). Le mâle place à la partie inférieure du sternum de la femelle une ou deux masses blanches et gélatineuses. Il s’agit des spermatophores*, qui contiennent dans une structure protectrice les spermatozoïdes.
Ensuite a lieu la ponte elle-même : la femelle dispose son abdomen replié vers l’avant pour recueillir les œufs. Avec les pinces de sa cinquième paire de pattes locomotrices (pinces que le mâle ne possède pas) elle déchire l’enveloppe des spermatophores, ce qui permet aux spermatozoïdes de féconder les ovules qui sont émis par les orifices génitaux situés à la base de la troisième paire de pattes. Les ovocytes fécondés deviennent alors des œufs d’un millimètre de diamètre environ qui se fixeront sur les soies des appendices abdominaux. Ils s’y agglomèreront par grappes. On dit alors que la femelle est “grainée”.
Une femelle de 23 cm de longueur pond environ 13 000 œufs, une femelle de 34 cm pond 134 000 œufs.
L’incubation peut durer de 5 mois en Méditerranée à 8 mois en Atlantique, suivant la température de l’eau. 70 à 75 % des œufs pourront connaître l’éclosion qui se déroulera en hiver en Méditerranée et au printemps en Bretagne.
A la naissance les larves* font 3 mm de long et sont nommées “phyllosomes”. Étymologiquement : “corps en feuille”, car elles sont très aplaties dorso-ventralement. Cette forme permet un transport dans le plancton et donc une dissémination des individus. Comme tous les crustacés elle subira un certain nombre de mues, plus d’une dizaine, pour acquérir sa morphologie définitive. C’est vers 24 à 25 mm que celle-ci apparaît. Il faut 5 à 6 mois en Méditerranée pour atteindre ce stade. Durant cette période, les variations de paramètres de l’environnement peuvent affecter le développement des larves et donc celui des populations de langoustes.

Une langouste mâle de 15 ans pèse 2,250 kg environ. Parfois des individus de 4 kg sont pêchés (on cite également des individus de 8 kg…), ce qui laisse présumer une longévité importante (jusqu’à 130 ans).

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

En aucun cas le plongeur ne saisira les antennes d’une langouste ! Il risquerait de briser ces appendices sensoriels relativement fragiles et importants pour l’animal. Tout au plus il pourra avancer ses doigts et laisser le crustacé explorer la surface des appendices charnus de cet étrange vertébré amphibie…

La langouste est bien une espèce benthique…. contrairement à ce que prétendaient deux plongeurs, surpris au palier avec des langoustes à leur côté par des forces de l’ordre sous-marines, et qui ont alors prétendu que celles-ci avaient nagé jusqu’à eux !

La mise en place d’une pêche spécifique à la langouste ne date que du début du vingtième siècle. Elle a connu un maximum de captures après la Seconde Guerre mondiale : plus de 2 000 tonnes annuelles débarquées dans les ports de France. Actuellement, les prises françaises se réduisent à moins de 100 tonnes annuelles …

La langouste se capture au casier mais aussi au trémail ou au filet maillant. L’inconvénient de ces captures avec filets est qu’elles ne sont pas sélectives.

La longue durée du cycle de développement de la langouste est un obstacle au rendement de son aquaculture. Les premiers stades larvaires seulement sont assez faciles à obtenir, la suite du développement est actuellement quasi impossible à réaliser au moins au niveau semi-industriel.

Il y a “grave surexploitation de la langouste rouge”, selon un rapport IFREMER (Brest) de 2005. Les expériences de lâchers de juvéniles tentées avec le homard ont des retours médiocres, et par ailleurs, il y a difficulté pour obtenir les juvéniles. Les seules solutions pour garantir la pérennité de la ressource semblent être :
– la limitation des individus capturés à une taille supérieure à la taille actuelle,
– la fermeture saisonnière de la pêche,
– le rejet des femelles “grainées”,
– la modulation des pratiques de pêche dans certaines zones délimitées. Notamment en interdisant les filets là où subsistent des géniteurs.